Créé en avril 2004 à la Fondation Cartier, repris au TNB dans le cadre du Festival Mettre en scène, puis au KunstenFestivaldes arts en 2006 et au Théâtre de la Bastille en 2008
Interné à l’hôpital de Neuchâtel, s’éprouvant comme un être dépossédé (de ses droits, de sa langue, de sa raison), Samuel Daiber devient le lieu de toutes les possessions, tandis que l’écriture répercute l’éclatement subjectif qui est le sien : “Je ne parviens plusement à m’exprimer correctement. Il faut tâcher de lire comme moi.. (?) faut Vous mettre à ma place. Et lire ce que je ne parviens pointement à écrire, c’est si importancique” écrit-il en 1956. Véritable commandement éthique et dramaturgique, cette injonction m’a conduite à explorer la lettre de 1954 dans sa version manuscrite, en la traitant comme une partition. L’acte d’écriture mais aussi l’acte de lecture de l’écriture manuscrite sont les points centraux de la création qui rouvrent l’opposition de l’oral et de l’écrit, se heurtant à la question de l’ineffabilité. Loin de toute approche pathologique d’une production asilaire, «sx.rx.Rx» témoigne d’abord d’une véritable reconnaissance poétique d’une création littéraire hors-norme rentrant sous la catégorie d’écrit brut. C’est donc dans la veine de la poésie sonore que s’inscrit cette performance qui adopte le parti-pris du rythme et le palimpseste comme principe d’interprétation et d’investigation de l’acte d’écriture mais aussi de la folie. La langue re-rythmée de Daiber nous parle de notre propre enfermement dans la langue usuelle. Mettre en scène un tel écrit, c’est s’aventurer dans l’espace de la langue incorporée et redire que c’est l’écriture qui suscite la représentation.”