Partageant sa vie entre la Bretagne et Paris, Patricia Allio est associée au TNB à Rennes. Autrice, metteuse en scène, performeuse et réalisatrice, elle écrit pour la scène et le cinéma, et dirige les rencontres de ICE dans le Finistère. Depuis sx.rx.Rx, sa première pièce mettant en scène la langue insurrectionnelle de Daiber, créée en 2004 à la Fondation Cartier et au TNB, puis en 2006 au KunstenFestivaldesArts, elle revendique et explore le pouvoir performatif de la parole sur scène. Elle invente un théâtre documentaire reliant l’intime et le politique, la culture populaire à une culture dite savante, aux prises avec des préoccupations de classe et décoloniales. Elle pratique le reenactment, puise dans l’histoire de l’art brut, des cultures queers, punks et underground, explore des rituels populaires, rapproche la culture prolétaire d’approches plus conceptuelles. Dans toutes ses créations (films, pièces, textes, ICE Festival) elle n’a de cesse de mettre la marge au centre, de rendre les minorités visibles ou audibles, d’interroger ou de défaire nos constructions identitaires normées et sédimentées, pour en faire ressortir leurs virtualités mutantes et liantes. La scène est souvent pensée comme un bac révélateur, un espace de réanimation, où ré-éprouver ensemble et inventer un corps commun, ancré dans la reconnaissance de nos vulnérabilités. En 2007, à partir d’un roman de Kathy Acker et après une résidence à New-York, elle met en scène Life is but a dream à la Fondation Cartier puis Le sang des rêves au TNB. Elle écrit et met en scène la conférence queer Habiter au Festival Terre de Paroles à Rouen, à Milan et à Porto. En 2008, elle s’associe à Eléonore Weber autour du manifeste « Symptôme et Proposition ». Elles écrivent autour de cas limites et invitent à considérer des « symptômes » comme des «propositions ». Pour la scène, le cinéma ou les Musées, elles ont conçu : Un inconvénient mineur sur l’échelle des valeurs, Grande Halle de la Villette, 2008, Premier Monde, projet franco-mexicain, Grande Halle de la Villette, 2011, Prim’Holstein, Centre Pompidou, Festival Hors Pistes, 2012, Fin de l’origine du monde, Subsistances, Natural Beauty Museum, Centre Pompidou, 2014, Festival d’Automne. Pour le cinéma, elles ont co-écrit deux films documentaires: en 2012, Night Replay, pour ARTE, tourné au Mexique, Nos crimes sont des films, en 2016, présenté au Festival Hors Piste au Centre Pompidou.
2016, c’est la création de l’association ICE et la première édition des rencontres du même nom : ICE, écritures contemporaines interdisciplinaires. C’est le début d’une nouvelle aventure autour de « l’autoportrait à », laboratoire sur les identités plurielles et relationnelles. Elle performe pour la première fois dans la pièce Autoportrait à ma grand-mère qu’elle a écrite et créée au Quartz en 2018, et qu’elle ne cesse de jouer depuis. Devenue artiste associée au TNB, elle y crée sa pièce Dispak Dispac’h en 2021 ainsi que Paradis Perdu en 2023, avec les élèves de l’école. En 2019, elle réalise son premier film Reconstitution d’une scène de chasse, produit par le GREC : sélectionné au Festival International de film de Rotterdam, IFFR, il obtient le prix du meilleur montage au Festival La Cabina en Espagne en 2020. Depuis 2016 elle écrit un long métrage Brûler pour briller fable médiévale queer portant sur la quête du doigt reliquaire de Saint-Jean-Baptiste reliée à l’histoire du village de Saint-Jean-du-Doigt, où elle vit et organise les rencontres de ICE. Produit par Les films de l’Oeil Sauvage, il sera présenté au 77ème Festival d’Avignon, en même temps que sa pièce Dispak Dispac’h.
Ses textes sont publiées en 2023 aux Éditions les Solitaires Intempestifs.