Nos crimes sont des films, 2016

Nos crimes sont des films, 2016

Synopsis +
Nos crimes sont des films – 60’
À partir de textes écrits avec Patricia Allio sur des images d’interventions militaires au Moyen-Orient, Eléonore Weber réalise un film à deux voix qui ausculte les pratiques contemporaines des guerres dites chirurgicales. Nous sommes face à des scènes de crime impliquant des êtres humains, des paysages, un cadre. Mais il n’y a pas de cadreur. Ou plutôt, le cadreur est un tueur. Quand l’œil devient arme et l’arme devient œil, qu’advient-il de la responsabilité - voire de la cruauté - de nos actes ? Lors de cette séance, c’est une première version de ce film en cours d'écriture qu’elles présenteront.
Présentation +
À partir de véritables images d’interventions militaires au Moyen-Orient, ce film ausculte les pratiques contemporaines des guerres dites chirurgicales. Nous sommes face à des scènes de crime impliquant des êtres humains, des paysages, un cadre. Mais il n’y a pas de cadreur. Ou plutôt, le cadreur est un tueur. Quand l’œil devient arme et l’arme devient œil, qu’advient-il de la responsabilité – voire de la cruauté - de nos actes ? Nos crimes sont des films traite des guerres aériennes menées par l’Occident. Il s’écrit principalement à partir de vidéos trouvées sur le web et montrant des interventions militaires de l’Otan. Les opérations ont lieu dans le désert, dans des paysages montagneux ou encore dans des grandes villes. Prises depuis un avion, un hélicoptère ou un drone, ces images pixélisées montrent des hommes inconscients d’être observés et qui se font tuer, des groupes de combattants qui tentent d’échapper aux missiles. Le spectateur est dans l’œil du viseur, tout comme l’opérateur ayant pour mission de tuer. Il voit la scène sur un écran, suit les effets de zoomage et de dézoomage, observe le comportement des supposés ennemis. L’utilisation de ces technologies de guerre permet aux soldats - et aux pilotes de drones - d’assassiner des personnes à distance, sans rien risquer de leur côté. Deux voix off, celles des deux actrices Patricia Allio et Eléonore Weber décrivent ces scènes glaçantes. Elles tentent de redonner un poids de réel à ces images virtuelles, ainsi qu’une humanité aux silhouettes miniatures qui explosent sous nos yeux. Ce film ausculte la cruauté des guerres asymétriques, dites chirurgicales. Il revisite aussi la mémoire des guerres aériennes occidentales. Il s’attarde notamment sur des images d’archive des bombardements alliés lors de la seconde guerre mondiale, doutant qu’on puisse considérer l’évolution technologique des pratiques de guerre comme un réel progrès.

Présentation / Genèse

Nos premières discussions ont tourné autour du sentiment de découvrir ce que l’on savait pourtant déjà : un peu partout dans le monde, l’armée française mène aujourd’hui des guerres en notre nom. Elle n’a d’ailleurs jamais été impliquée dans un si grand nombre de conflits. Nous visitons le site du ministère de la Défense, où sont présentées les différentes opérations en cours. Nous visionnons des documents postés ici et là par les militaires. Certains sont clairement liés à une propagande, d’autres sont plus officieux. Par un effet de glissement, nous nous intéressons bientôt à des images fournies par d’autres armées, notamment par l’armée américaine. Ce glissement est d’ailleurs inévitable, puisque la guerre est devenue globale, qu’elle n’a plus de frontières et que les pays occidentaux interviennent le plus souvent de concert. Notre démarche consiste à détourner ces matériaux, à les extraire du discours de propagande dans lesquels ils sont pris, à les décrypter afin de mettre au jour la singulière cruauté de cette guerre à distance. Nous questionnons la technologie de prise de vue de ces nouvelles armes, qui détermine la manière de faire la guerre et de la regarder. Avant, ceux qui filmaient la guerre devaient se faire une place auprès des soldats. Ils montaient avec eux dans les bombardiers ou couraient maladroitement sur le champ de bataille, un pied de caméra à la main. On pouvait leur reprocher d’avoir enjolivé les choses, on pouvait imaginer tout ce qu’ils n’avaient pas montré. C’était l’époque où les guerres n’étaient pas encore réellement devenues des films. Aujourd’hui, lorsqu’un militaire commet un crime, il voit la scène se dérouler sur un écran. L’œil est désormais une arme, l’arme est désormais un œil. Les vidéos peuvent provenir d’un drone, d’un hélicoptère ou d’un avion. On les trouve sur des sites internet dédiés à la guerre, souvent à la gloire de l’armée. Nos crimes sont des films fait partie d’un projet en cours sur la guerre. Cette vidéo est un montage à partir de films trouvés sur le web, elle questionne la technologie de prise de vue de ces nouvelles armes qui détermine la manière de faire la guerre et de la regarder. L’oeil est désormais une arme, l’arme est désormais un oeil.
Générique +
    Conception et textes
  • Patricia Allio et Éléonore Weber

    • Réalisation
  • Éléonore Weber

    • Production
  • Centre Pompidou/ Hors Pistes; Théâtre Ouvert et Montevideo